THE EMILE ZOLA SOCIETY

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Affiches:   Feuilletons : Cinéma : Théâtre

Affiches
Les affiches des adaptations pour les feuilletons
(translations into English to come)

AU BONHEUR DES DAMES

GiI Blas publie Au Bonheur des dames,
grand roman inédit par Emile Zola.
Imp. Emile Lévy, rue de la Jussienne, 3, Paris.
0,80 m x 0,63 m.
Lithographie en couleurs.
Collection du Musée Emile Zola.
Don du Dr François Emile-Zola.

bonheur

Zola, malade en octobre 1882, est en retard sur son programme. Il ne mettra le point final au onzième des Rougon-Macquart que le 25 janvier 1883. Mais la publication du feuilleton, annoncée dès le 23 novembre 1882, n'a pas attendu l'achèvement de l'ouvrage. Elle a commencé le 17 décembre et se poursuit, en soixante-quinze livraisons, jusqu'au 111 mars 1883. Le lendemain 2 mars, l'éditeur Charpentier met en vente soixante mille exemplaires du roman.

L'affiche annonce l'héroïne, Denise Baudu, comme pouvaient la voir les clients du grand magasin " Au Bonheur des dames ". La jeune vendeuse montre son tranquille visage de fille raisonnable. Elle s'apprête à couper le tissu qu'achètera le couple dont les silhouettes se dessinent à l'arrière-plan. Le dessinateur a suivi fidèlement la description que Zola donne du costume des vendeuses:
Toutes avaient, entre deux boutonnières du corsage, comme piqué dans la poitrine un grand crayon qui se dressait, la pointe en l'air; et l'on apercevait, sortant à demi d'une poche, la tache blanche du cahier de notes de débit.
Le publiciste a aussi illustré les lignes suivantes:
Plusieurs risquaient des bijoux, des bagues, des broches, des chaînes
(chapitre IV), sans tenir compte de ce qui distingue Denise de ses compagnes, car Zola écrit au chapitre IX:
Lui (Mouret) la regardait en souriant, dans sa robe de soie toute simple, sans un bijou, n'ayant que le luxe de sa royale chevelure blonde.
Ici, la broche et les boucles d'oreilles sont donc en trop... Cette inexactitude s'explique si l'on songe que le dessinateur ne disposait peut-être que des premiers chapitres du feuilleton quand il composa cette affiche.

La seule indication de l'Imprimerie Emile Lévy, sans autre signature, permet de penser que l'impression et l'exécution sont effectivement de cet artiste. Ses affiches tiennent une place importante dans l'histoire de ce genre pendant vingt années, entre 1875 et 1895. Il ne faut pas le confondre avec le peintre, son homonyme, Emile Lévy (1826-1890).

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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LA JOIE DE VIVRE

Lire, dans Gil Blas,La Joie de vivre,
grand roman inédit par Emile Zola.
Imp. Emile Lévy,
4, rue Rameau (place Louvois), Paris (1787).
0,85 m x 0,63 m. Lithographie en couleurs.
Collection François Labadens.

la joie de vivre

Cette fois, Zola a fini son manuscrit le 23 novembre 1883, six jours avant la parution du feuilleton qui compta soixante-six livraisons, entre le 29 novembre 1883 et le 1" février 1884.

Dès octobre 1883, la réclame du Gil Blas a annoncé le feuilleton en promettant une haute figure de jeune fille d'une belle vaillance dans Ie combat de la vie. Il s'agit de Pauline Quenu dont l'affiche rend parfaitement le rôle central. Assise sur la plage avec son cousin Lazare Chanteau, elle domine celui-ci. Les mains calmement posées sur ses genoux, elle sourit au chien Mathieu, couché à ses pieds et dont les bons yeux sont fixés sur elle. Lazare, assis plus bas, et cadré de dos, semble assez dérisoire et incapable de participer à l'intimité établie entre la jeune fille et le chien.

Le publiciste a bien saisi l'antiphrase du titre, car la tristesse imprègne la scène. Des nuages menaçants surmontent la mer aux vagues écumantes. La falaise abrupte et ses pans découpés laissent prévoir la catastrophe. L'annonce, avec ses lignes obliques, a quelque chose de troublant. La silhouette de Louise, s'éloignant, un filet de pêche sur l'épaule, suscite aussi l'inquiétude. Les êtres sont proches les uns des autres, mais tout parle de rupture. Les couleurs ternes, gris et brun, sont à peine relevées par le rose brique du titre et du fichu de Pauline.

L'affiche émane de l'Imprimerie Emile Lévy, dont l'adresse 4, rue Rameau (place Louvois), n'est pas en fait différente de celle notée précédemment, la rue de la Jussienne ayant changé de nom entre-temps. On reconnaît les qualités de composition d'Emile Lévy, mais l'affiche n'est pas signée.

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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LA TERRE

Lire, dans GiI Blas, La Terre,
par Emile Zola.
Lithographie F. Appel.
Parrot et Cie succ., 12, rue du Delta, Paris.
1,04 m x 0,77 m. Lithographie en couleurs.
Collection François Labadens.

la terre

La Terre parut dans le quotidien Gil Blas du 29 mai au 16 septembre 1887. Le journal a cette fois disposé d'un texte imprimé et revu par l'auteur, mais dans lequel il a procédé à des coupures, en supprimant ou corrigeant pour son compte certains passages jugés trop hardis.

Le dessinateur a, lui, illustré mot à mot la première page du roman, en privilégiant par sa taille le personnage principal:
Jean, ce matin-là, un semoir de toile bleue noué sur le ventre, en tenait la poche ouverte de la main gauche et, de la droite, tous les trois pas, il y prenait une poignée de blé, que d'un geste, à la volée, il jetait. Ses gros souliers trouaient et emportaient la terre grasse, dans le balancement cadencé de son corps (_). Seul, en avant, il marchait, l'air grandi; et derrière, pour enfouir le grain, une herse roulait lentement, attelée de deux chevaux qu'un charretier poussait à longs coups de fouet réguliers, claquant au-dessus de leurs oreilles.

L'évocation ne serait pas complète sans Françoise Fouan qui apparaît, au second plan, conduisant à la corde sa grande vache, dans le sentier qui borde le plateau. Les corbeaux qui tournoient au-dessus de cette scène bucolique semble un mauvais présage que le contenu du roman justifiera pleinement. Les dégradés de brun sont en parfaite harmonie avec le titre. L'affiche n'est pas signée.

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LE REVE

La Revue illustrée publie Le Rêve,
grand roman par Emile Zola.
L. Baschet Editeur, 125, bd Saint-Germain, Paris.
Nouvelles et romans; Alex. Dumas, Paul Bourget, Jules Claretie, Georges Ohnet, Hector Malot, Ludovic Halévy, André Theuriet, Gyp, etc.
1,50 F le numéro. 36 F par an.
0,88 m x 0,66 m. Lithographie en couleurs.
Collection François Labadens.

la terre

Zola composa Le Rêve entre le 5 janvier 1888 et le 15 août de la même année. L'affiche annonce la première publication du feuilleton dans La Revue illustrée, qui paraissait tous les quinze jours, du 1er avril (n° 56) au 15 octobre 1888 (n° 69). Chacun des quatorze feuilletons contenait un chapitre entier du roman, avec des illustrations de Jeanniot, gravées sur bois par Florian.

Pour laisser aux illustrations du graveur dans La Revue leur plein effet, le dessin de l'affiche est réduit au minimum: la figure d'Angélique, 16 ans, traitée en sanguine pâle, d'où émane une grande douceur. Son visage un peu allongé, délicat et pur, correspond exactement au portrait qu'en trace Zola. Le demi-encadrement sur le haut et sur le côté gauche contient dans des tons de camaïeu gris les textes de l'annonce et la liste des romanciers qui publient dans La Revue illustrée. Il s'agit d'une composition à caractère ornemental, sur fond crème, à la fois sobre et raffinée

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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L'ARGENT

A partir du 29 septembre,
lire, dans Gil Blas, L' Argent,
roman inédit par Emile Zola.
Affiche signée J. Chéret. Lithographie en couleurs.
2,50 m x 0,94 m.
Collection particulière.

l'argent

En réalité, le feuilleton de L' Argent débuta dans Gil Blas non pas comme le promet l'affiche, le 29 septembre, mais deux mois plus tard, le 30 novembre 1890. Il dura jusqu'au 4 mars 1891. Zola avait pris du retard. Il avait commencé à rédiger son roman le 10 juin 1890 et n'écrivit le dernier mot que le 30 janvier 1891, donc deux mois après le début du feuilleton. Il avouait: Le roman m'aura donné une peine effroyable.

Nous avons là une superbe affiche, bien faite pour habiller, dans toute sa hauteur, une colonne Morris. Chéret s'est inspiré de la réclame où Le Gil Blas annonce la publication prochaine du feuilleton: Pour Emile Zola, l'argent est une force aveugle, capable du bien et du mal (...). Il a rendu son idée de façon saisissante...

L'artiste mérite le même compliment. Jouant sur l'allégorie du titre, il dessine une souple silhouette de jeune femme, les yeux bandés, qui, dans une course aérienne, jette à poignées les pièces d'or et les billets. On admire ici les caractéristiques de Chéret: frémissante figur féminine dont le vêtement semble s'envoler, richesse des couleurs rouge rosé. Séduit par tant de grâce, on oublie ce que l'arrière-plan contient d'inquiétant: la Bourse, où se déroulent les catastrophes financières qui écraseront les actionnaires dans la boue et le sang...

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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LA DEBACLE

Le Radical publie La Débâcle,
par Emile Zola, 5 c.
Imp. et dessins Emile Lévy,
36, rue des Petits-Champs, Paris.
1,03 m x 1,39 m. Lithographie en couleurs.
Collection François Labadens.

La Debacle (1)

Cette fois il ne s'agit pas de la première publication du feuilleton de La Débâcle, dont se chargea La Vie populaire, du 21 février au 21 juillet 1892. C'est l'annonce d'undeuxième feuilleton qui parut dans Le Radical, du mercredi 19 octobre 1892 au dimanche 26 mars 1893. Entre-temps, Charpentier avait donné l'édition originale du livre, le 24 juin 1892.

L'affiche a été exécutée par l'Imprimerie Emile Lévy, située à une adresse qui diffère des deux précédentes: restant dans le même quartier, l'imprimeur était maintenant installé rue des Petits-Champs.

Emile Lévy, car c'est à lui qu'on doit cette composition, illustre un des épisodes les plus fameux du roman, au chapitre IV de la deuxième partie: à Bazeilles, Henriette va rejoindre son mari Weiss qui, dans leur maison assiégée, a mené une résistance acharnée contre les Bavarois. Elle arrive au moment où Weiss, obligé de se rendre, va être fusillé.

Le dessinateur a volontairement laissé de côté les scènes militaires qui, à la parution du livre, avaient suscité de nombreuses critiques, mettant en question sa signification politique. Ici, les héros sont des civils français. Le public ne pouvait qu'applaudir à ce choix: une toile du peintre Alphonse de Neuville, exposée au salon de 1873, avait popularisé l'épisode de La maison aux dernières cartouches. Ces personnages habitent donc déjà plus ou moins l'univers mental des lecteurs du feuilleton.

Scène mélodramatique entre toutes: trois Français au centre et, les entourant de chaque côté, des soldats bavarois. Henriette s'est ruée au cou de son mari. C'est l'instant où elle s'écrie: Oh! mon ami, je t'en supplie, garde-moi, laisse-moi mourir avec toi... Ses beaux cheveux blonds sont répandus sur son dos. Weiss ressemble exactement au personnage du roman: Gros garçon roux, portant binocle. Mais alors que, dans le texte, il s'emploie à détacher de lui les mains d'Henriette, ici il la serre tendrement, dans un dernier adieu. Laurent, le garçon jardinier qui a fait le coup de feu avec Weiss, est dépeint lors de son intervention héroïque: qu'on le fusille, lui, l'orphelin célibataire, à la place de ce monsieur qui est marié. Proposition vaine: le capitaine allemand, dans un grand moulinet du bras, lève un sabre menaçant. Deux casques du peloton d'exécution et les canons de leurs fusils apparaissent en haut à droite, mettant en joue le Français. Plus haut encore, dans le même angle, flambe le village. Quant au Bavarois de gauche, en symétrie opposée avec celui de droite, il correspond bien à la description avec son énorme tête embroussaillée de barbe et de cheveux roux. Mais Zola, dans un contraste quelque peu forcé entre la qualité morale du personnage et son aspect physique - il le dit soufflé de sang, effroyable, tel un ours des cavernes - nous le montre refusant d'obéir à l'ordre de son capitaine: il n'emmènera pas cette femme innocente. Il n'est pas un bourreau. Ici, au contraire, le soldat s'efforce de dégager Henriette de son mari, semblant vouloir la frapper de la crosse de son fusil.

Les lettres qui composent le mot débâcle tombent, comme il se doit... en débandade sur l'officier allemand, alors que les héros de la scène sont valorisés par un cadrage en légère contre-plongée. L'impression de scène théâtrale est encore accentuée par l'ombre portée derrière les personnages, comme sur un rideau de fond.

Les couleurs crues: jaune, rouge, bleu, à peine amorties par quelques aplats plus neutres: gris, marron, noir, sont agressives. Les lettres noires inscrivent les mots Le Radical dans un bandeau rouge semblable à une mare de sang.

On le voit, l'affiche a toutes les caractéristiques de l'imagerie populaire. Si l'on a pu accuser Zola de livrer dans La Débâcle des chromos dessinés à gros traits, il est intéressant de noter que l'affichiste a, lui aussi, utilisé des procédés voyants, visant avant tout à augmenter le pathétique de la scène.

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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LA DEBACLE

La Débâcle, par E. Zola.
E. Flammarion, Paris. 10 c la livraison.
Imp. Hérold et Cie 13 1, boulevard Saint-Michel, Paris.
Signature en bas à gauche: Paul de Semant.
1,40 m x 0,97 m. Lithographie en couleurs.
Collection François Labadens.

La Debacle (2)

Nous avons ici non pas l'annonce du feuilleton, mais celle de la première édition illustrée de La Débâcle, publiée par la Librairie Flammarion, à partir du 28 février 1893. La livraison coûtait 10 centimes et la série 50 centimes. G. Jeanniot avait illustré le livre et Paul de Semant s'était chargé de l'affiche publicitaire.

La scène se déroule après les derniers combats autour de Sedan, pendant la retraite des soldats français. Elle évoque la mort héroïque de Rochas, lieutenant au 106e de ligne, telle que Zola la rapporte au chapitre VII de la deuxième partie. Rochas veut sauver le drapeau français en le confiant à Dubreuil, un homme sûr qui habite l'Ermitage. En fait, il ne trouve pas Dubreuil chez lui, mais les Prussiens qui ont envahi la propriété. Un corps à corps sanglant a lieu. Rochas ne lâchera pas le drapeau.

Le crayon du dessinateur fixe, comme dans un instantané, l'ultime dénouement, alors que le roman évoque le déroulement de la séquence: Ahuri, éperdu, n'ayant jusque-là rien compris à la campagne, il (Rochas) se sentait enveloppé, emporté par quelque chose de supérieur, auquel il ne résistait plus, bien qu'il répétât machinalement dans son obstination: " Courage, mes enfants, la victoire est là-bas! "

D'un geste prompt, cependant, il avait repris le drapeau. C'était sa pensée dernière, le cacher, pour que les Prussiens ne l'eussent pas. Mais, bien que la hampe fût rompue, elle s'embarrassa dans ses jambes, il faillit tomber. Des balles sifflaient, il sentit la mort, il arracha la soie du drapeau, la déchira, cherchant à l'anéantir. Et ce fut à ce moment que, frappé au cou, à la poitrine, aux jambes, il s'affaissa parmi ces lambeaux tricolores, comme vêtu d'eux.

L'affichiste a bien rendu cette scène d'épopée, dressant face à la mitraille le grand corps maigre du lieutenant français. De décor, point: il risquait de détourner de l'essentiel. Simplement, deux visages de soldats français, suggérés plus que détaillés. L'un est mort, la tête chavirée en arrière, l'autre est vivant, sur la défensive, prêt à tirer. On ne peut reprocher au publiciste d'avoir magnifié le héros dans une apothéose finale, mais on doit lire la suite du texte pour apprécier à quel point la plume de l'écrivain dit plus et mieux que le crayon du dessinateur: Il (Rochas) vécut encore une minute, les yeux élargis, voyant peut-être monter à l'horizon la vision vraie de la guerre, l'atroce lutte vitale qu'il ne faut accepter que d'un coeur résigné et grave, ainsi qu'une loi. Puis, il eut un petit hoquet, il s'en alla dans son ahurissement d'enfant, tel qu'un pauvre être borné, un insecte joyeux, écrasé sous la nécessité de l'énorme et impassible nature. Avec lui, finissait une légende.

Ces lignes désenchantées, dignes de Giraudoux, mettent un remarquable bémol à l'exaltation bruyante que le dessinateur a seule retenue.

© Maison Zola - Musée Dreyfus

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